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Festival d’Avignon Off - Bilan 2009

jeudi 30 juillet 2009, par Michèle Maillard

L’édition 2009 marque un tournant dans l’histoire du Festival d’Avignon Off. Il suffit de lire la presse – internationale, nationale, régionale, spécialisée – pour comprendre que l’image du Off s’est considérablement modifiée. Le nombre croissant de spectacles, jusqu’alors objet d’inquiétude ou de railleries est enfin pris pour ce qu’il est : un atout considérable. Presque plus personne ne parle de ce festival d’Avignon comme d’une « foire ». Au contraire, « le grand avantage du Off sur son grand frère, lit-on sous la plume d’un journaliste canadien venu couvrir la présence de Wajdi Mouawad, c’est le nombre » [Michel Bélair, le Devoir, 18 juillet 2009]. Grâce auquel est possible un « recentrage du débat sur la place de la culture et du théâtre en France ». « Le Off tire mieux son épingle du jeu que le In » titrait le Canard Enchaîné le 22 juillet dernier. On en laissera chacun juge. Mais il est clair qu’en juillet 2009 le Off a grandi, et que « ce n’est pas seulement une question de quantité ».

Il est triste et paradoxal qu’au moment même où la place et l’importance du Off commence enfin à être publiquement reconnues, André Benedetto, le fondateur de ce festival, disparaisse. Tous les acteurs de cet événement lui adressent un grand, un profond merci.

Quarante-trois ans après son geste fondateur, 980 spectacles sont présentés par 825 compagnies dans 105 lieux, et le festival attire des troupes venues de toute la France et de tous les coins du monde. Certains prédisaient qu’en cette année de crise financière, le public serait moins nombreux au rendez-vous. Ils avaient tort.

Au 31 juillet 2008, 30 289 cartes Off avaient été vendues. Au 28 juillet 2009, à 3 jours de la fin du festival et alors que toutes les contremarques sont encore loin d’être comptabilisées, le chiffre provisoire est déjà de 35 240 cartes. Soit plus de 16 % de hausse… La plupart des lieux du Off ont fait un très bon festival, et connaissent une hausse très significative de leur fréquentation.

Les professionnels et programmateurs ont été massivement présents sur ce festival. Les accréditations professionnelles sont en hausse de 5%. Ce chiffre traduit deux faits : d’une part, davantage de professionnels prennent le réflexe de l’accréditation. Mais si l’augmentation des accrédités n’est pas, d’autre part, similaire à celle des cartes du Off, c’est que chaque année la gestion des accréditations se fait plus rigoureuse.

Anjo Negro
photo : Luc Babin ©imediagin

La meilleure reconnaissance du festival, la hausse de la fréquentation en période de crise, sont à relier à l’effort de communication développé par le Festival d’Avignon Off. Depuis deux ans, le Off installe en amont du festival sa propre communication, développe des actions qui lui donne une unité, s’appuie sur des outils d’analyse des publics. A preuve, s’il fallait encore en donner une : entre le 26 juin et le 26 juillet 2009, les analyses montrent que 2 193 375 pages ont été visitées sur le site du Off. Le temps moyen passé sur le site par un internaute est de presque 10 minutes et, si les visiteurs sont majoritairement francophones, le site attire des internautes de… 100 pays.

La stratégie mise en place à la suite des Etats Généraux de décembre 2007 s’avère largement payante. Il est désormais clair, pour beaucoup de monde, que le Off existe comme festival à part entière, de manière autonome et indépendante, à côté du In.

C’est une bonne nouvelle pour le Off, mais aussi pour le In, pour la ville d’Avignon, pour les compagnies de l’ensemble du territoire.

Une bonne nouvelle pour le In car il a désormais en face de lui un interlocuteur de poids, identifié, reconnu, et qui n’est nullement un adversaire. Dans la mesure même où le Off n’a pas besoin du In pour exister, un véritable dialogue peut s’ouvrir entre les deux opérateurs du Festival d’Avignon. Si le In assoit sa légitimité sur le terrain de l’excellence, le Off assoit la sienne sur le terrain de la pertinence, du rapport aux populations, propose un autre point de vue sur le travail de démocratisation culturelle, qu’il peut effectuer à partir de bases tout autres.

Une bonne nouvelle pour Avignon et la Région car le Off est capable de jouer à plein son rôle d’entraînement des « vacanciers culturels » sur la ville. Les commerçants ont constaté que le public était davantage présent cette année. Il est raisonnable de penser que le Off n’y est pas pour rien. Il est important de noter également que si, pour des raisons budgétaires ou de production, le In en venait à restreindre un jour la durée de son festival, le Off pourrait attirer, à lui seul, un public important.

Une bonne nouvelle pour les compagnies de toute la France (et d’ailleurs !...) car si le Off est fort, il pourra mieux accompagner les artistes, et, parce qu’il rassemble pendant presque un mois un nombre considérable d’acteurs culturels représentant toutes les strates du spectacle vivant, il pourra les aider à peser sur les politiques culturelles nationales, régionales, et locales. Il faut pour cela que les compagnies et les artistes comprennent l’intérêt qu’elles ont à s’emparer des outils qu’Avignon Festival & Compagnies met en place depuis deux ans. Un grand effort de communication est encore à mener en direction des artistes de l’ensemble du territoire français. En attendant, le Off, bien qu’autofinancé, aide chaque année dix compagnies, à travers un fonds de soutien financé par la vente des cartes du Off. Dix compagnies ont cette année bénéficié de ce fonds (v. liste en annexe).

Faut-il enfin faire remarquer que, cette année, aucune polémique interne, aucune dissension ne s’est fait jour ? On le doit, en partie, à une meilleure préparation, et aux leçons tirées chaque année de l’édition précédente. De nombreux chantiers sont engagés, et d’autres sont à ouvrir. Si importants soient-ils, les chiffres donnés (accréditations, cartes Off, fréquentation du site) peuvent être dépassés à la prochaine édition, et aux suivantes. Le Off n’a pas encore donné sa pleine mesure. C’était impossible en deux ans. Il reste donc beaucoup à faire, et ceci aussi est une bonne nouvelle : le Off a de très belles perspectives devant lui. Il est temps que ses partenaires naturels en prennent acte, et confortent ce festival, en contribuant de manière un peu moins parcimonieuse à son financement.

photo : Luc Babin ©imediagin

Dans ls perspectives offertes, notons l’initiative du " OFF à 5 euros".

Il s’agit du regroupement de plusieurs compagnies de différentes communes, de diverses régions, sur le site du Festival, qui ont décidé de proposer des places à 5 euros (au lieu de 15 ou 10), afin de donner à tout le monde, notamment aux jeunes ou au public d’Avignon même, la possibilité d’avoir accès à des spectacles de qualité.

En 2009 entre 30 et 40 spectacles offraient ce prix.

Pour les Compagnies regroupées dans "le OFF à 5 euros", ces deux exigences : prix modéré et qualité doivent contribuer à la popularité du OFF, en proposant au public de nouveaux spectacles aux formes novatrices -pas forcément les plus abouties - mais permettant d’échanger avec le public et de lui faire connaître le travail qui les sous-tend.

Merci encore, André Benedetto, d’avoir ouvert de si belle manière la route. Le festival se poursuivra, fidèle à son esprit. L’assemblée générale d’Avignon Festival & Compagnies est fixée au 19 octobre prochain. A l’issue de cette assemblée, un nouveau conseil d’administration élira le nouveau président de l’association, la présidence par intérim étant actuellement assurée par Greg Germain.